Italo De Grandi
Gouache sur papier | 69 x 29.5 cm
Période 1929-1939 : Élans juvéniles
Imaginaire | Portrait
Inventaire IDG_913 | Collection privée
Photo : L’Atelier De Grandi
Probablement inspiré par le grand-père maternel d’Italo, qui arborait la même moustache imposante
Composition:
La figure centrale au premier plan est superposée aux collines au second plan
L’horizon placé très bas magnifie le personnage en le projetant haut dans le ciel
Technique:
Dans cette œuvre de jeunesse, Italo, fort de son métier de Chromo-lithographe, rompu à la gravure sur pierre des couleurs une par une et à leurs effets de superposition successive, choisit précisément la gouache pour ses propriétés couvrantes. Pour preuve son utilisation du Cangiante, technique vénitienne de la Renaissance, consistant à créer les effets de volume en superposant une variation hachurée claire du ton de base de l’objet ; ici clairement visible dans les plis du pantalon ou de la veste.
Palette:
Le franc contraste entre les couleurs terriennes et les tons aériens renforce l’assise du personnage dans un environnement idéalisé. La touche en hachures et aplats distincts, adjacents ou superposés accentue encore ce contraste, à la manière d’un Staccato en musique.
Lumière:
Une lumière globale comprend un éclairage quasi multidirectionnel, presque sans ombres. Dans ce portrait imaginaire, tout est visible au grand jour. Le mystère ne réside pas dans les zones d’ombre ni le flou des formes : il émane de cette lumière aussi globale qu’englobante.
Période:
La main sûre et la vie devant soi ouvrent toutes les perspectives vivifiées par l’avènement de courants artistiques novateurs. C’est le temps de la liberté et de l’audace. Portraits en pied, allégories teintées de symbolisme et de futurisme, mettant en scène des personnages réfléchis, voire extatiques, célébrant la nature cultivée, l’amitié et la famille, dans une sorte de mystique de l’immanence.
Courant artistique:
Confrontés, en particulier lors de leur séjour à Paris, au surréalisme et autres mises en question de la forme et de la couleur, Italo, comme Vincent sur un mode plus onirique, préfère célébrer la réalité du monde plutôt que s’engager dans sa déconstruction au gré des concepts et des esthétiques de la modernité. Bien au contraire, il vénère le réel et tente d’en cerner le mystère par une pratique originale et vertueuse de la peinture, caractéristiques proches de la Nouvelle objectivité, bien que sous des formes délibérément latines, ressurgissant de sa passion pour la Renaissance italienne.
Artistes en relation:
Masaccio pour la simplicité du personnage : ce n’est ni un aristocrate, ni un prélat, mais un homme de la terre, bien modeste en dépit de sa tenue du dimanche.
Giorgio De Chirico pour son immobilisme et son bain de lumière intemporelle.
René Magritte pour l’audace de la composition, magnifiant la disproportion surréelle de ses éléments.
Événements historiques:
Le personnage de ce portrait imaginaire se situe entre ces deux extrêmes : il impose sa dignité par son calme et sa stature portant la sagesse de son regard bien au-dessus des vicissitudes quotidiennes, en dehors des gesticulations politiques.
Faits de société:
Dans cette période d’extrême insécurité, Italo et Vincent vont opérer un retour aux sources, à leurs sources : l’Italie, sa culture et ses coutumes.
En 1934, ils font un séjour à Florence, où ils absorbent et digèrent tout le foisonnement artistique de la Renaissance, profondément. Cet acquis retrouvé va leur permettre, une fois de retour dans le contexte artistique réactionnaire romand, de créer une peinture originale et moderne, bien que plutôt figurative, échappant aux sirènes réactionnaires et fascistes, ainsi qu’au repli protectionniste autour des valeurs du terroir vaudois, par exemple en présentant ici un vignoble en parchets similaires au Lavaux, mais sous forme de collines piémontaises, baignées de lumière méditerranéenne.
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