Le passant

Italo De Grandi | Non daté
Gouache sur papier | 33 x 66 cm
Période 1929-1939 : Élans juvéniles
Imaginaire | Paysage avec architectures
Inventaire IDG_498 | Collection privée
Photo L’Atelier De Grandi
Retrospective I. De Grandi au Musée Jenisch Vevey 1993

 

Caractéristiques artistiques

Sujet:

Un personnage solitaire sur une voie déserte entourée de collines dénudées portant des architectures minimalistes.

Composition:

Perspective centrale | Dominance du second plan

Technique:

Gouache sur papier

Dans cette œuvre de jeunesse, Italo, fort de son métier de Chromo-lithographe, rompu à la gravure sur pierre des couleurs une par une et à leurs effets de superposition successive, choisit précisément la gouache pour ses propriétés couvrantes.

Palette:

Dominante : 13022370

Le franc contraste entre les couleurs terriennes et les tons aériens renforce l’assise du personnage dans un environnement idéalisé. La touche en hachures et aplats distincts, adjacents ou superposés accentue encore ce contraste, à la manière d’un Staccato en musique.

Lumière:

Globale

Une lumière globale comprend un éclairage quasi multidirectionnel, presque sans ombres. Dans ce portrait imaginaire, tout est visible au grand jour. Le mystère ne réside pas dans les zones d’ombre ni le flou des formes : il émane de cette lumière aussi globale qu’englobante.

Contexte

Période:

1929-1939 : Élans juvéniles

La main sûre et la vie devant soi ouvrent toutes les perspectives vivifiées par l’avènement de courants artistiques novateurs. C’est le temps de la liberté et de l’audace. Portraits en pied, allégories teintées de symbolisme et de futurisme, mettant en scène des personnages réfléchis, voire extatiques, célébrant la nature cultivée, l’amitié et la famille, dans une sorte de mystique de l’immanence.

Courant artistique:

Surréalisme, voire Nouvelle objectivité, sur fond de Renaissance italienne

Confrontés, en particulier lors de leur séjour à paris, au surréalisme et autres mises en question de la forme et de la couleur, Italo, comme Vincent sur un mode plus onirique, préfère célébrer la réalité du monde plutôt que s’engager dans sa déconstruction au gré des concepts et des esthétiques de la modernité. Bien au contraire, il vénère le réel et tente d’en cerner le mystère par une pratique originale et vertueuse de la peinture, caractéristiques proches de la Nouvelle objectivité, bien que sous des formes délibérément latines, ressurgissant de sa passion pour la Renaissance italienne.

Artistes en relation:

De Chirico

Giorgio De Chirico pour son immobilisme et son bain de lumière intemporelle.

Événements historiques:

Le front populaire en France, le montée du fascisme en Italie et en Allemagne

Le personnage de ce portrait imaginaire semble aller au-delà des idéologies : il traverse ce paysage quasi “terraformé” puis construit par l’innovation moderniste et s’en va ailleurs, vers le spectateur comme pour l’interroger intimement, en dehors de toute gesticulation politique.

Faits de société:

Dépression après le crach de 1929 et invasion de la propagande fasciste

Dans cette période d’extrême insécurité, Italo et Vincent vont opérer un retour aux sources, à leurs sources : l’Italie, sa culture et ses coutumes.
En 1934, ils font un séjour à Florence, où ils absorbent et digèrent tout le foisonnement artistique de la Renaissance, profondément. Cet acquis retrouvé va leur permettre, une fois de retour dans le contexte artistique réactionnaire romand, de créer une peinture originale et moderne, bien que plutôt figurative, échappant aux sirènes réactionnaires et fascistes, ainsi qu’au repli protectionniste autour des valeurs du terroir vaudois, par exemple en présentant ici un paysage baigné de lumière méditerranéenne.

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