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En faisant dialoguer la peinture et la littérature, celle exposition souhaite célébrer la connivence et l’amitié qu’ont entretenues Philippe Jaccottet (1925-2021) et Italo De Grandi (1912-1988) alors qu’ils vivaient tous deux à Grignan.
En Drôme provençale, Grignan est un bourg arrimé à une colline couronnée par un château Renaissance et par la collégiale Saint-Sauveur. Connu en raison de la correspondance échangée par la marquise de Sévigné avec sa fille dans la seconde moitié du XVIIe siècle, Grignan a vécu essentiellement de la culture de la lavande, de la vigne et de l’exploitation de truffières de chênes avant de devenir récemment une destination touristique et le lieu du Festival de la Correspondance.
«Italo De Grandi avait découvert Grignan grâce à l’hospitalité de notre ami commun Palézieux qui lui avait ouvert pour quelques semaines, pendant plusieurs années, la petite maison qu’il y possédait alors. Celui que nous avons bientôt appelé Italo tout court (il n’était pas distant) s’y est plu au point de souhaiter avoir là, lui aussi, un toit ; ce qu’il n’a pas tardé à faire avec l’énergie qui lui était propre et un sens de l’architecture, un goût de bâtir qu’il devait sans doute à son pays d’origine.C’est à ce moment-là de sa vie que notre amitié, tout naturellement, s’est nouée 1.»
Le choix des textes muraux est dû à la poétesse José-Flore Tappy spécialiste de l’œuvre de Philippe Jaccottet dont elle a assuré la direction de la publication dans la Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard (2014).
du jeudi au dimanche
de 13h30 à 18h
Tarifs :
Adultes CHF 12.-
Membres/étudiants/apprentis/AVS CHF 10.-
Enfants gratuit jusqu’à 18 ans
Accès :
Par les transports publics
ou stationnement à proximité
Désolé, l’accès pour chaises roulantes n’est pas possible
Après des études à l’université de Lausanne et une collaboration à Paris (1946-1953) avec l’éditeur Mermod, il s’établit à Grignan, dans la Drôme. D’Homère à Mandelstam, de Rilke à Gongora, par l’exercice de la traduction (D’une lyre à cinq cordes, 1997), il s’ouvre aux cultures européennes – Italie, Allemagne notamment – et définit les accents d’une voix reconnaissable à sa grâce aérienne, à son souci de « parfaite lisibilité » (Jean Starobinski) tout autant qu’à celui de « laiss[er] à l’insaisissable sa part ».
Il saura l’intégrer dans une vision du monde qui fasse sa part à une sérénité, même difficile et sans cesse remise en cause. L’Ignorant (1957) en poésie et Promenade sous les arbres (1958) en prose renoncent à l’emprise (« Seul peut entendre le cœur / Qui ne cherche la possession ni la victoire ») et définissent un ton qui refuse l’emphase excessive d’un certain lyrisme. Ce ton est indissociable de la trouvaille d’un lieu qui est celui d’un accord plénier au monde où l’expérience – depuis Rilke, peut-être l’intercesseur principal du poète, le bien propre de la poésie – est tout. En 1961 paraissent l’Obscurité et Éléments d’un songe, récit de rêve. Le bref recueil Airs (1967) est une relation poétique des saisons de l’année.
Autre forme brève, la note, celle de la Semaison (1963 puis 1971, puis 1996, le terme signifie « dispersion naturelle des graines d’une fleur ») fait la part belle à la forme brève et orientale du haiku, qui met l’accent sur le monde dans son immédiateté. Paysages avec figures absentes (1970 puis 1976) établit le classicisme de la parole : une voix est trouvée, assurément l’une des très justes du jour d’aujourd’hui poétique. Leçon (1969), relation de la mort d’un ami proche, rappelle l’évidence noire (« Toute poésie est la voix donnée à la mort »), présente dès les poèmes de Requiem (1947). Lié à notre essentielle fragilité, le motif du sang se fait obsédant. Chant d’en bas (1974) fait appel dès son titre à une parole plus humble, qui aurait comme intériorisé la « leçon » de la mort.
Le registre sombre des deux recueils est tempéré par À la lumière d’hiver (1977) et surtout Pensées sous les nuages (1983). En 1990, Cahier de verdure mêle vers et proses, multipliant les expérimentations formelles. Plus que tout, la sobriété du propos, un lyrisme bien tempéré sont le reflet d’une morale esthétique dont l’humilité (« L’effacement soit ma façon de resplendir »), à relier probablement à la culture protestante dont l’auteur est issu, est l’accord à la clé. Les mots du poème ne doivent pas recouvrir la « voix du jour ». Plus que tout, la poésie est un appel à la justesse d’un rapport au monde, inséparable d’une transparence. L’homme est un être dont la précarité est rappelée (« Un homme ce hasard aérien »). La poésie est, en confluence romantique, le réel absolu. Loin des vertiges trompeurs (de la préférence de soi, de l’image, d’un lyrisme enivré de lui-même et dès lors de mauvais aloi), elle aide à un dénuement qui est notre vérité.
Nous allons cesser mais quelque chose d’éternel passe dans notre « âme errante » : « Mais peut-être, plus légère, / incertaine qu’elle dure, / est celle qui chante / avec la voix la plus pure / les distances de la terre. » Le poème ne doit pas voiler ce qu’il dit, et qui ne peut être dit que par lui seul. Selon Jaccottet : « Le poème idéal doit se faire oublier au profit d’autre chose qui, toutefois, ne saurait se manifester qu’à travers lui. » La lumière, l’impondérable, l’air, l’oiseau sont quelques-unes des présences chères à une parole qui interroge les conditions de sa validité. Philippe Jaccottet : « Le poète serait cet homme sans apparence, sans appartenance, qui s’obstine à écouter ce vague bruit de source, de plus en plus lointain, dont il tire sa vie même. » Il est l’un des poètes dont l’influence musicale est la plus nette sur ses cadets.
Source : www.larousse.fr
Très tôt Italo manifeste un vif intérêt pour la représentation graphique de ce qu’il voit : il dessine partout, tout le temps et peint chaque fois que son apprentissage puis son travail de lithographe et de graphiste lui en laissent la possibilité.
En 1933 il expose pour la première fois, au Musée Jenisch à Vevey.
Durant l’année 1934 il séjourne à Florence et à Sienne, voit tout, connaît tout, dessine tout.
Avec son frère Vincent ils sont tous deux élèves de Jacques Berger puis du peintre français Gaston Vaudou qui vit au bord du lac à Corseaux et avec lequel ils séjourneront plus tard à Champtoceaux dans la Loire et au Pornic en Bretagne. De ce compagnonnage naîtra une amitié profonde et gaie qui se transmettra à leurs enfants et liera les deux familles.
En 1936 Italo emmène son frère Vincent à Paris où ils travailleront durant deux ans en réponse à l’appel du peintre et créateur de tapisseries Jean Lurçat. Ils collaborent à la réalisation de travaux pour l’Exposition universelle de 1937 et réalisent les mosaïques du Pavillon de la Manufacture nationale de Sèvres ainsi que divers cartons de tapisseries exécutées aux Manufactures des Gobelins et d’Aubusson.
Après leur retour à Vevey en 1938 Italo épouse Elisabeth Huguenin avec laquelle il aura deux filles et deux garçons.
En 1939 Italo s’installe dans sa nouvelle maison-atelier construite à Corseaux par Alberto Sartoris.
En 1944, il ouvre avec son frère Vincent, à Corseaux, un atelier d’arts graphiques voué à la création d’affiches, de posters, d’étiquettes de vins, d’emballages de cigarettes, de cosmétiques, de parfum ou de chocolat.
C’est dans le cadre de cette activité qu’ils développent la sérigraphie, faisant évoluer cette technique, à la base plutôt rudimentaire, jusqu’à parvenir à l’utiliser pour réaliser des estampes d’art.
Parallèlement, Italo De Grandi continue à peindre, en particulier des gouaches sur l’Adriatique ou dans la Loire chez son ami Gaston Vaudou. En 1956 il est admis à la Société des peintres, sculpteurs et architectes suisses.
En 1965 ses enfants ayant accompli leurs études, il décide d’abandonner les arts graphiques et la sérigraphie pour s’adonner exclusivement à la peinture. Son ami le peintre Gérard de Palézieux l’encourage en lui proposant, en 1966, de séjourner dans le cabanon qu’il possède à Grignan dans la Drôme. Italo tombe amoureux de ce pays alors encore à l’écart des circuits touristiques et lui rappelant l’Italie de son enfance. Il y retourne de plus en plus souvent et y acquiert en 1972 une maison en ruine qu’il restaure de ses mains. Il s’y installe, rencontre de fertiles amitiés notamment celles de l’écrivain, poète et traducteur Philippe Jaccottet, des facteurs de clavecins Escher et Weland et du peintre Michel Forat. Heureux d’y vivre pratiquement en autarcie, il ne revient que sporadiquement en Suisse, notamment pour exposer à Lausanne à la Galerie Vallotton ainsi qu’à Vevey, Genève, Bâle, Berne et Sierre.
Dès lors s’ouvre une période très féconde : dessins (crayon, mine de plomb, sanguine, fusain), huiles, aquarelles, lavis, décorations de céramiques crées par sa fille aînée Vincenza. En outre, Italo construit une dépendance à sa maison de Grignan pour y installer une forge : depuis plusieurs années, son goût de se mesurer à la matière l’avait conduit à maîtriser les techniques du fer battu. Il réalisera ainsi de nombreuses sculptures, parfois monumentales (« Evocation ») ainsi qu’un cadran solaire pour la ville d’Aubonne et une croix pour la tombe de Corinna Bille à Veyras. Italo De Grandi a trouvé une inspiration enthousiaste dans les paysages et la ville de Grignan.
Dès 1980, Italo séjourne chaque hiver à Venise, attiré par les infinies variations des rapports de la pierre, de l’eau et du ciel, par les caprices muets des brumes ou la transparence musicale de l’air. Il en ramène des brassées d’aquarelles sereines ou tragiques, somptueuses et délicates, énigmatiques ou gaiement ravies à l’instant fugace et dans lesquelles la menace de l’impermanence de la ville rongée par l’érosion glisse hors du temps.
Italo De Grandi décède à Corseaux en automne 1988. Une rétrospective posthume a eu lieu au Musée Jenisch en 1993.
Source : Catalogue de l’exposition “Italo et Vincent De Grandi” au musée L’Atelier De Grandi à Corseaux-sur-Vevey.
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